L’inquiétude s’intensifie autour du COVID-19

HELEN ROXBURGH
AGENCE FRANCE-PRESSE

(Pékin) L’épidémie due au nouveau coronavirus a dépassé la barre des 100 000 personnes contaminées dans le monde, où la propagation s’étend avec 21 nouveaux cas détectés à bord d’un navire de croisière au large de la Californie et deux premiers décès enregistrés dans l’est des États-Unis. 

La propagation accélérée du virus est jugée « très préoccupante » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : au total, 92 pays sont désormais touchés par le COVID-19, qui a fait près de 3500 morts à travers le globe.

La Chine a annoncé samedi 28 nouveaux décès, portant le bilan total à 3070 morts dans le pays, et a fait état d’une nouvelle augmentation du nombre de cas en dehors de la province du Hubei (centre), où le virus est apparu en décembre. 

Dans le même temps, le nombre de contaminations confirmées en Corée du Sud a dépassé les 7000 samedi, ce qui en fait le pays le plus touché en dehors de Chine.

Les autorités iraniennes ont fait état de 21 nouveaux décès et de 1076 cas d’infection détectés au cours des dernières 24 heures, portant à 145 le nombre de morts et à 5823 celui des personnes contaminées en Iran.

« Plus de 16 000 cas suspects sont actuellement hospitalisés », a en outre précisé le porte-parole du ministère de la Santé Kianouche Jahanpour au cours d’une conférence de presse télévisée dans laquelle il a annoncé les nouveaux bilans.  

La situation s’améliore, 1669 cas confirmés étant désormais guéris, a-t-il ajouté. 

Aux États-Unis, l’expansion de l’épidémie inquiète : le virus a été détecté sur 21 personnes à bord du Grand Princess, un navire de croisière maintenu au large de la Californie, après la découverte de symptômes chez certains de ses 3533 passagers et membres d’équipage, selon le vice-président américain, Mike Pence. 

Deux personnes sont par ailleurs mortes du coronavirus en Floride, les premières victimes américaines en dehors de la côte ouest, ont annoncé les autorités sanitaires de cet État du sud-est des États-Unis. 

Effondrement des exportations chinoises

En Chine même, la propagation du virus a été en partie contenue dans la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, grâce à la mise en quarantaine de quelque 56 millions de personnes depuis fin janvier.

Les nouvelles contaminations de personnes y sont en baisse depuis plusieurs semaines : la province a annoncé samedi 74 nouveaux cas, soit le nombre quotidien le plus faible depuis son isolement par cordon sanitaire. 

La région pourrait bientôt être rouverte, a laissé entendre vendredi le gouvernement, alors que le régime communiste fait l’objet d’une contestation inhabituelle de la part des habitants confinés manquant de vivres et à bout de patience.

 

Cependant, 24 cas de coronavirus « importés » ont été également recensés samedi à travers la Chine, laissant redouter une nouvelle hausse des contaminations dans le pays à l’unisson d’une accélération de l’épidémie à l’échelle mondiale. 

Les inquiétudes sur l’impact économique de l’épidémie en Chine, où l’activité reste en grande partie paralysée, ont été aiguisées samedi par l’annonce d’un effondrement de 17,2 % sur un an des exportations du pays en janvier et février.

De quoi attiser les préoccupations sur la croissance mondiale, dont le géant asiatique est un moteur crucial. 

Alors que l’angoisse sur les places boursières grandit, le président américain Donald Trump s’était voulu rassurant vendredi, convaincu que les marchés allaient « rebondir » : il a appelé la Fed à baisser ses taux pour stimuler l’économie. 

Interdictions

De leur côté 13 pays ont fermé leurs établissements scolaires : 300 millions d’élèves dans le monde sont privés d’école pour plusieurs semaines. 

Outre la Chine, les pays les plus touchés sont la Corée du Sud, l’Iran, l’Italie et la France.

Vendredi, le Togo, les Territoires palestiniens, la Serbie, le Vatican, la Slovaquie, le Pérou ou encore le Bhoutan ont annoncé de premiers cas. 

En Égypte, 12 cas ont été détectés parmi le personnel d’un bateau de croisière sur le Nil. En Grèce, c’est un groupe d’au moins 34 personnages infectées ayant voyagé dans le même autocar pour un pèlerinage en Israël qui concentre toute l’attention. 

Nombre de pays prennent des mesures d’interdiction de territoire ou de quarantaine pour des voyageurs provenant de pays touchés. Au moins 36 pays ont déjà imposé une interdiction totale d’entrée aux personnes arrivant de Corée du Sud, selon Séoul, et 22 autres ont pris des mesures de quarantaine. 

La Russie a également fermé ses frontières aux voyageurs venant d’Iran.

À Bethléem, principale ville touristique dans les Territoires palestiniens, les autorités ont empêché l’entrée et la sortie de touristes après la découverte de 16 cas de coronavirus en Cisjordanie, où l’état d’urgence sanitaire a été déclaré.

Ruées dans les supermarchés

Pour l’Organisation mondiale du tourisme, le nombre de touristes dans le monde devrait baisser de 1 à 3 % en 2020, soit une perte « de 30 à 50 milliards de dollars ». 

Dans le monde, les populations se ruent sur les masques, désinfectants, gants ou combinaisons, seuls remparts connus contre le virus.

« Aujourd’hui, c’est incontrôlable. Nous n’avons plus de papier toilette, presque plus d’eau, et plus de gel pour les mains », a indiqué à l’AFP un employé d’un supermarché Costco en Californie. 

Pour garantir un approvisionnement suffisant, de nombreux États interdisent l’exportation du matériel médical. L’Union européenne a appelé à la « solidarité », mais les pays qui ont pris de telles dispositions ont défendu leur choix.  

L’Italie, qui ne produit pas de masques, va en recevoir 800 000 d’Afrique du Sud en deux jours, mais elle a besoin d’une dizaine de millions d’autres pour faire face à la situation.

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