Les résidants d’Ottawa ont à nouveau reçu l’avis d’éviter les déplacements au centre-ville où se trouve toujours un bon nombre de camionneurs et d’autres manifestants qui s’opposent à des mesures sanitaires pour lutter contre la COVID-19.
La Presse Canadienne
Le trafic est si dense autour de la Colline du Parlement, en raison des manifestants qui s’y trouvent depuis vendredi et samedi, que cela a rendu de nombreuses rues du centre-ville impraticables, selon le Service de police d’Ottawa.
D’autres rues ont été fermées, mais les autorités assurent qu’elles s’affairent à atténuer les répercussions de l’engorgement routier sur les résidants et les commerçants du centre-ville.
On ne sait pas à quel moment le convoi de camions quittera les lieux et des manifestants ont indiqué qu’ils comptent y poursuivre leurs revendications jusqu’à ce que toutes leurs demandes soient satisfaites.
Assis dans son camion, Scott Ocelak est de ceux qui ont prévenu qu’il comptait y rester jusqu’à mardi.
Comme lui, des milliers de personnes se sont jointes samedi au rassemblement qui était au départ une manifestation en appui aux camionneurs opposés à la vaccination obligatoire à la frontière canado-américaine. L’évènement est rapidement devenu une manifestation contre le premier ministre Trudeau et plusieurs autres mesures sanitaires.
Un peu avant 14 h, un hélicoptère a survolé le parlement en transportant un message qui a soulevé la foule :
« F* * *Trudeau », pouvait-on lire en grosses lettres sous l’appareil.
L’espace aérien au-dessus de la Colline du Parlement est pourtant une zone d’exclusion aérienne.
Le groupe Canada Unity, qui fait partie des organisateurs du convoi, exige que le Sénat et la gouverneure générale Mary Simon obligent les gouvernements fédéral et des provinces à lever toutes les ordonnances de vaccination et autres restrictions de santé publique — une impossibilité constitutionnelle.
La grande majorité des camionneurs au pays sont vaccinés, souligne toutefois l’Alliance canadienne du camionnage (ACC).
L’alliance estime qu’environ un dixième des camionneurs qui transportent des marchandises est touché par les exigences des deux côtés de la frontière canado-américaine, voulant que les conducteurs soient vaccinés afin de traverser librement.
L’ambiance samedi à Ottawa était, dans l’ensemble, joviale et pacifique. La police n’a souligné aucun accroc avec violence samedi, ce qu’elle craignait au départ, mais elle compte maintenir une forte présence policière dimanche dans la capitale fédérale.
Certains incidents ont cependant soulevé l’ire de personnes partout au pays.
La Légion royale canadienne, qui représente les vétérans au pays, la ministre de la Défense, Anita Anand et le chef d’état-major de la Défense, le général Wayne Eyre, ont tous fermement condamné le geste de la personne aperçue sur une vidéo sur Twitter en train de sauter sur la Tombe du Soldat inconnu.
D’autres protestataires ont accroché un drapeau canadien inversé et un écriteau anti-vaccin sur la statue de Terry Fox, un jeune Canadien mort d’un cancer après avoir traversé le pays en marathon avec une prothèse à la jambe droite, sous son genou amputé, pour sensibiliser les Canadiens à l’importance de soutenir financièrement la recherche sur le cancer.
Le geste des manifestants a suscité une vague d’indignation.
Des élus ont aussi dénoncé ceux qui affichaient des symboles nazis et des drapeaux confédérés, qui rappellent la période de l’esclavage aux États-Unis, déplorant un grand manque de jugement.
Parmi les manifestants qui déambulaient samedi dans les nuages de monoxyde de carbone, Jasmine, une brancardière qui travaille dans un hôpital de Montréal, n’était pas intéressée par les appels à la révolution ni par les slogans associés au mouvement QAnon entendus dans la foule. Elle s’est déplacée dans la capitale pour soutenir les camionneurs.
« Ils ont cédé devant les infirmières qui n’étaient pas vaccinées, alors ils n’ont pas le choix de céder à la demande des camionneurs », a expliqué celle qui préfère ne pas dire son nom de famille en faisant référence à la décision du gouvernement québécois de reculer sur la vaccination obligatoire du personnel de la santé.
Un autre manifestant qui a refusé de s’identifier transportait sur son dos une pancarte sur laquelle il était écrit : « On peut-tu s’aimer ? ».
« Tout le monde se divise, c’est hallucinant, on peut-tu juste s’aimer ? », a indiqué l’homme qui se dit vacciné et contre toutes les mesures sanitaires.
Dans cette foule où se mêlaient sans complexe le drapeau des Patriotes et celui du Canada, deux pancartes sortaient du lot devant le parlement : celles de Phillipe Haggart et de son ami qui ont décidé de braver le froid, mais aussi certains manifestants hostiles, pour démontrer leur appui à la santé publique.
« Les vaccins sauvent des vies », pouvait-on lire sur la pancarte qu’il tenait au bout de ses bras. Rapidement des manifestants l’ont approché, certains faisaient preuve d’humour et d’autres d’agressivité.
Parmi les nombreux véhicules qui bloquaient les rues du centre-ville, une grue s’était installée sur la rue Wellington devant la colline du Parlement. Un énorme drapeau du Canada était accroché au mât de l’engin.
Près de la grue, un semi-remorque sur lequel il est écrit « F* * *Trudeau » en grosses lettres est stationné bien en vue à l’entrée de la colline parlementaire.
Des journalistes de différents médias qui couvraient la manifestation ont rapporté avoir été intimidés verbalement et physiquement par des manifestants.